29 août 2010

Grand machin sombre

par Franquin...
je ne me lasse pas de parcourir les planches des "Idées noires", furieusement d'actualité.


En roue libre

Hier, je suis remontée sur mon vélo.
Juste le temps d'une toute petite ballade.
Il était si léger que j'ai aussitôt pensé que j'adorerais charger les sacoches et partir, là tout de suite, et ne plus jamais cesser de pédaler vers je ne sais où.









28 août 2010

La vie grise

Il a plu
Il y a de l'eau
Qui tombe dans les rues
Le long du ruisseau

Je suis soûl
J'ai rien dans la tête
Je suis mou
Comme je suis bête

Les pavés sont des fleurs jaunes, des rouges
J'en cueille un bouquet pour vous
La terre s'agite, je la sens qui bouge
Ça y est je m'envole... Lâchez tout

Je suis bien
Je suis couché dans le ciel
Y a que des chiens
Et des poubelles

Les chiens puent
Les poubelles me lèchent
Avec leur langue rêche
Dans les rues



Boris Vian




24 août 2010

Infâme propagande

Dans notre boîte aux lettres est arrivé hier un exemplaire d'un quotidien destiné aux enfants d'une dizaine d'années.
La page des nouvelles du monde rédigée en anglais (ben oui c'est vachement pédagogique) m'a fait bondir lorsque j'ai vu ceci :

Voici une petite traduction du texte qui accompagne la photo : "Le président Barack Obama se baigne avec sa fille Sasha dans la mer ) à proximité du Golfe du Mexique. Durant les mois passés, 200 millions de gallons de pétrole ont été déversés dans la mer. Obama veut montrer ainsi que les plages sont propres et saines."

C'est pas demain que j'abonnerai mes gosses à ce torchon !

Canal du Midi, semaine 2, suite et fin

Nous roulons vers Agde. Aux étonnants et astucieux Ouvrages du Libron, seuls les vélos roulant à vide passent les portillons étroits, car il faut passer son vélo par dessus la barrière. Vu le poids des nôtres, bien obligés de contourner le problème, nous vivons notre seul passage difficile,  portant plus que poussant nos vélos sur quelques mètres de berge dangereusement pentue, au risque de tomber dans le Canal avec notre chargement ! 
Nous fuyons rapidement Agde, ruche bourdonnante de vacanciers après un arrêt à l’écluse ronde s’ouvrant sur l’Hérault, et poursuivons notre chemin vers Marseillan. Le paysage a changé, nous roulons désormais sur la piste étroite et creusée dans la terre sèche d’une zone naturelle protégée. Les grands arbres ont disparu, remplacés par les herbes hautes. Nous ne voyons plus vraiment le canal dans les derniers kilomètres nous conduisant vers l’étang de Thau. 
Le camping est interdit dans cette zone sauvage et étrange où nous ne trouvons pas un brin d’ombre et où nous ne nous arrêtons guère, surpris par ce changement radical de paysage. 
Nous arrivons enfin à un petit pont de pierre, surplombant le Canal. Marseillan est à 5 kilomètres.
En cette saison estivale, plus de place nulle part pour dormir dans un camping ce soir. Il y a bien ce camping à la ferme dont la patronne nous informeque c'est plutôt loin de là où nous sommes. Encore 10 kilomètres à faire. La route est très fréquentée et nos jambes fatiguées peinent à monter une côte qui nous parait interminable.
Nous arrivons fourbus et recevons les félicitations des propriétaires du lieu. Peu de cyclistes arrivent jusqu’à cet endroit très zen niché sur une colline au milieu des vignes, la plupart se dirigeant vers Marseillan-Plage et son campings en bord de mer, où il vaut mieux avoir réservé plusieurs mois à l'avance. Réserver plusieurs mois à l'avance ? Ah bon ?
Le temps de récupérer un peu et nous décidons de monter les tentes en buvant du rosé judicieusement entreposé au frais par la gentille patronne.
Le vin commence un peu à nous monter à la tête quand nous voyons arriver Jean-Marie et Nathalie. Ils ont chacun une bouteille à la main. Ils ont fait la connaissance de Lili à Carcassonne en papotant dans les douches et lorsqu’ils sont eux aussi arrivés tout à l’heure, ils ont tout de suite reconnu nos enfants et notre chien, qui gambadaient dans le camping ! Ils nous proposent de boire avec nous le verre de l’arrivée. Nous mettons en commun nos provisions du soir et nous finissons la soirée tous ensemble. Leurs enfants Zoë et Yvan sont super marrants et Zoë, 6 ans, nous impressionne quand nous apprenons qu'elle pédale 30 kilomètres par jour avec son petit chargement -duvet et tapis de sol - sur son petit vélo. Yan, plus jeune, voyage assis dans la remorque tractée par son papa. Les enfants s'endorment à la belle étoile. La nuit nous cueille ivres et heureux d’avoir à nouveau rencontré des gens dont nous partageons les envies et les rêves d’odyssées cyclistes…
Nous n’avons pas encore fini notre course. Il nous reste encore à filer jusqu’au phare des Onglous pour écrire le point final de notre petite épopée.
Nous partons donc au matin, laissant nos bagages, pour pédaler libres et légers. Nous trouvons un chemin qui nous mène au port de Marseillan, et de là, nous rejoignons  le phare. Victoire, on l’a fait !
Demain, nous reprendrons le chemin en sens inverse pour regagner la gare d’Agde, et nous rentrerons chez nous en train.
La ballade du jour est aussi lègère que nos vélos. Tony s’éloigne un peu du chemin et revient, les deux pneus crevés par des petits végétaux ressemblant à s’y méprendre à d’inoffensives fleurs séchées, mais qui en réalité sont aussi durs que des clous. Deux trous à l’avant, deux à l’arrière. Incroyable ! Les rustines sont dans un petit coffret qui est toujours à poste sur le VTT de Nino, mais la pompe, non la pompe, on n’a pas pensé à la prendre !
J’interpelle un monsieur sur son vélo. Non, il n’a pas de pompe, mais il habite à côté et nous invite à monter chez lui pour réparer. On discute un peu et nous nous apercevons qu’il est né à Gonfaron, tout près de chez nous !
Retour au camping pour une dernière soirée avec nos amis  qui achèvent eux aussi leurs vacances et qui nous regardent partir avec envie sur nos vélos chargés pour une dernière roulade au matin, eux qui regrettent à présent d’avoir fait venir des amis et leurs voitures pour les cueillir au camping et les reconduire chez eux.
Nous pédalons une dernière fois sur un sentier pour rejoindre Agde, avec la folle envie de remonter à vélo jusqu'à Toulouse. Mais les vacances sont finies. Dès demain, je reprends mon travail.
Nous montons dans le train à Agde, changeons à Montpellier puis à Marseille.
C'est le 15 Août, les trains sont pleins de gens bronzés et nous avons une petite altercation à Montpellier avec deux bobocyclistes qui se sont posés en vrac dans l'espace vélo et s'offusquent lorsque nous leur proposons de décrocher leur remorque et d'accrocher leurs vélos pour nous permettre de monter les nôtres.Ce sont les premiers cyclistes désagréables que nous rencontrons ! Je ne peux m'empêcher de penser que faire du vélo ne rend pas tout le monde sympathique lorsque la jeune femme nous intime de chercher un autre compartiment alors que le train va partir et que deux de nos vélos sont toujours sur le quai !Tony range tout le matos et fait de la place, au grand Dam de la jeune princesse, furieuse de devoir céder et bouger son beau vélo...Je l'aide à décrocher sa monture lorsqu'elle arrive à destination et elle me lance un dernier regard noir avant de quitter le quai.
La lumière décline lorsque nous arrivons à la petite gare de la Pauline.
Terminus, tout le monde descend ! Les vélos chargés sur la voiture, Tony met le contact et rejoint la route qui nous conduit à la maison.
Outch ! Ca fait tout drôle.

23 août 2010

Canal du Midi, semaine 2 suite


Un gros souci de dérailleur, Tony est le héros du jour pour ces deux cyclistes !
Au camping de Capestan, nous avons rencontré une famille nombreuse.Deux familles en fait, qui voyagent ensemble. Ils sont passé nous faire un coucou, car ils nous avaient aperçus à plusieurs reprises et l'envie de câliner notre chienne coureuse titillait leurs enfants. Ils ont eu un problème technique  de taille : leur remorque bricolée les a lâchés et leurs bagages ont été acheminés par une péniche qui les a sortis de cette situation délicate: comment continuer quand la chariotte chargée comme trois vélos au moins rend l'âme tout d'un coup au bord de l'eau? Leur chariotte étant irréparable, ils ont dû aller récupérer une voiture qui les suivra désormais d'étape en étape, transportant leur matériel. Notre impression se confirme : les remorques et le Canal ne font pas vraiment bon ménage. Nous n'avons que le strict minimum dans nos sacoches, mais de quoi a t-on besoin quand on pédale dans ce coin de France toute la journée en été ? De deux tee shirts, une polaire, un short et deux slips, une casquette, un bon ciré. Le soir venu, on lave l'un pour enfiler l'autre et hop! le tour est joué. Il n'est vraiment pas nécessaire de s'encombrer. Le plus lourd, c'est le matériel de cuisine. Nous ne sommes pas encore au top à ce niveau, Nous n'avons pas la traditionnelle popote des campeurs expérimentés, mais le fait d'avoir embarqué des récipients un peu grands est bien agréable pour la préparation des tournées de pâtes ou de riz et la cuisson de nos poêlées de légumes frais, indispensables à notre équilibre alimentaire.Le mini réchaud est cependant suffisant, faut juste pas oublier d'acheter les cartouches de gaz qui se vident très rapidement. Nos tentes sont petites et lègères. La prochaine fois, peut-être céderons nous à la tentation d'embarquer des matelas auto gonflants, plus confortables et guère plus encombrants.
A aucun moment nous ne manquons de quoi que ce soit. On s'adapte vite à vivre dehors, à être un peu poussiéreux toute la journée. La douche du soir n'en est que plus appréciée.
Nous évitons les restaurants, trop couteux pour 4, et préférons de loin nos pique nique assis dans l'herbe.
C'est lors de l'une de nos pauses que nous avons découvert la barge "Clair de Lune". Ce bateau de 30 mètres, visiblement luxueux nous avait intrigués. Il ne ressemble en rien aux pénichettes de location que nous croisons à longueur de journée. Ni aux péniches des mariniers qui ne naviguent plus guère, nous n'en verrons pas une seule passer les écluses ! Non cette péniche là, c'est un tout autre monde, un bateau pour clients vraiments friqués. Nous en sommes là de nos considérations lorsque nous voyons se garer le long de la berge, devant nos vélos, un monospace de luxe, flambant neuf. En sortent une jeune fille luxueusement vêtue, portant à la main plusieurs revues et une femme vêtue d'une jupe bleue et d'un chemisier blanc, qui l'accompagne jusqu'à la Passerelle. Nous observons la scène en nous disant que ce bateau ressemble vraiment à un yacht de croisière, comme on en voit sur les ports varois. Quelques instants plus tard, nous voyons arriver un couple, très bien habillé également, qui nous salue gentiment avec un fort accent américain. Nous assistons alors au ballet du personnel de bord, ouvrant les jolis parasols verts au dessus des chaises longues en teck qui meublent l'avant du bateau. C'est l'heure de l'apéro. Pas tout à fait comme les nôtres. Non là, c'est champagne et drinks servis au plateau. Vérification faite en rentrant sur mon ordi, la croisière de 6 jours coûte la bagatelle de 18.000 euros! Oui, vous avez bien lu...Il y a du caviar du menu !
l'hôtel de luxe bateau Clair de Lune
On recroisera cette barge en quittant Villeneuve les Béziers, où nous faisons une halte pour la nuit, dans un camping bondé mais plutôt rigolo. La propriétaire gardant toujours quelques places pour les cyclistes, elle nous case devant la piscine, au grand bonheur des enfants !C'est le week-end de la féria, et tous les campings dans un rayon de 30 kilomètres sont bourrés à craquer, dans tous les sens du terme. Nous avons bien galéré pour trouver l'accès du pont Canal à Béziers, il fait très chaud, et ce soir, je m'offre le luxe de ne pas cuisiner, car il y a soirée karaoké et paëlla. On zappe le karaoké, mais on se commande une paëlla pas vraiment excellente. Il y a un bar par contre, pour mon grand plaisir. Ben oui, il y a toujours un moment ou j'ai envie de boire autre chose que de l'eau. C'est comme ça!
Nous sommes au point kilométrique 215. Le parcours en fait 240. Hey mais c'est qu'on a roulé mine de rien !
On est comme qui dirait presque arrivés !
Demain, la fin du voyage.
Snif.

22 août 2010

Canal du Midi, semaine 2

Plus besoin et plus envie de savoir si on est lundi ou jeudi.
On est juste heureux, là, au bord de ce canal si beau et si paisible.
Les jours passent, nous roulons vers Marseillan, poursuivant notre petite aventure quotidienne.


La roulade entre la Redorte et Capestan...




21 août 2010

Canal du Midi, le journal # 7

8 Août. Nous quittons le camping de Carcassonne en douce. On passe tranquillement devant l’accueil sans nous arrêter pour régler notre deuxième nuit, ni vu ni connu. Un grand Yes ! rigolard et collectif éclate 100 mètres plus loin. Ben oui, on a resquillé devant nos enfants, je sais, c’est pas bien. Uhm.
La vie tranquille sur le Canal
Nous démarrons la journée tranquillement, le ciel est bleu, il y a plein de canards à compter. Lili va beaucoup mieux, tout le monde est reposé par cette pause à Carcassonne, mais nous sommes tous les cinq ( Daisy trottine joyeusement) bien contents de reprendre notre route. Pédaler nous est devenu naturel. Même si la chanson « J’ai mal au occu, j’ai mal occu, j’ai mal occupé ma jeunesse » figurant au hit-parade des enfants retentit plusieurs fois par jour sur les bords du Canal, personne ne rechigne à remonter sur son vélo le matin. Nous ne nous lassons pas des écluses, des arbres, des canards, du ciel, du soleil qui brille et une douce euphorie nous envahit quand nous surfons presque entre les racines, les trous et les bosses et carillonnons gaiement au passage des péniches ou pour annoncer note passage sous les ponts !
Bref, on s’amuse comme des fous !
En passant sur le port de Trèbes, nous nous retrouvons nez à nez avec Jean Sé et Agnès, Adrien et Victor qui reviennent de leur nuit à Puichéric et s’en vont prendre le train du retour à Carcassonne. Cette fois nous nous disons vraiment au revoir, mais le plaisir de nous retrouver pour un dernier pot est sincère. Nous nous reverrons cet automne, et nous leur promettons de leur envoyer des photos de la suite du parcours.

A l’écluse de l’Aiguille, nous faisons une longue halte. Joël Barthes, l’éclusier-sculpteur, fan de Georges Brassens, a inventé un tas de créatures rigolotes qui font la joie des enfants. Ce mec a une imagination débordante, et je mitraille quelques sculptures. Dommage qu’elles pèsent lourd, j’en aurais bien rapporté une. 

Une des volailles étonnantes de Joël
Singulier non ?
Spéciale dédicade à Modestine "Accroche toi Minette !"
Le crocodile du Canal, photographié par Lili
On a parcouru 30 kilomètres  Il n’y a pas de camping proche du Canal avant 20 autres kilomètres. Il est donc décidé de planter la tente au bord de l’eau dès qu’on trouvera un coin qui nous inspire.
A la Redorte, nous trouvons notre bonheur. En contrebas de la piste, des campeurs ont défriché avant nous un coin de paradis où nos deux tentes trouvent naturellement leur place.
Pendant que Tony et les enfants installent notre barda, je fais demi tour et je pars chercher de l’eau. J’ai repéré en passant un bar sur le port, de l’autre côté du pont conduisant au village. La serveuse est vraiment sympa et remplit mes bouteilles et mes gourdes. J’en profite pour me poser devant une bière pression délicieusement fraîche qui me fait un peu tourner la tête. Je repars avec des canettes. 
Déballage sauvage!
Artland by les enfants
Légère ivresse au clair de lune et gros dodo. 

20 août 2010

Canal du Midi, le journal # 5 et 6

Départ à la fraîche
Au départ de la Pujade, Lili a conservé son chargement. Nous prenons la route et au bout de quelques kilomètres nous parvenons à la convaincre que son sa douleur disparaîtra plus vite si elle consent à nous laisser porter ses sacoches. Elle finit par accepter, se souvenant sans doute de sa souffrance d’hier, lorsqu’elle pédalait en serrant les dents. Voilà donc les vélos parentaux chargés de ses deux sacoches. J’en accroche une à l’avant de Mercedes et Tony charge l’autre sur son porte bagages.
les vélos chargés comme des mules

La Cité de Carcassonne
Nous repartons et roulons sans encombre jusqu’à Carcassonne.
Carcassonne, c’est très fréquenté, et il y a un seul camping. C'est un de ces énormes campings appartenant au groupe Trigano ou genre, avec piscine et tout le tralala. La piscine, ça fait quand même un peu rêver les mômes, vu qu’on ne peut pas se baigner dans le Canal. Et puis il y a une salle de jeux avec des flippers et un baby foot. C'est pas franchement bon marché, et on nous demande 3,50 par nuit pour notre chien. Ambiance. Je commence à craindre le pire, mais l’espace vélos est plutôt sympa et nous nous plantons nos tentes sous les arbres, entre cyclistes.
Notre équipe est assez repérable et les voyageurs qui nous ont croisés sur le chemin passent échanger quelques mots ou adresses. Nous retrouvons Alex et son copain, qui pédalent depuis Toulouse comme nous et que nous avons déjà croisés à Castelnaudary. Un groupe de bretons très marrants nous invite à venir pédaler par chez eux et à passer les voir en juin prochain pour la fête du Vélo de Séné, dans le Morbihan, et promettent aux enfants de les approvisionner en magnifiques pouët pouët rouges pour signaler leur présence aux autos !
Jean Sé et Agnès arrivent bientôt et s'installent avec nous. Le repas communautaire commence à se préparer et la soirée s'annonce douce et tranquille.
En plantant la tente, Tony trouve un pendentif de Lapis Lazuli et un médaillon. Ces trésors déterrés font briller les yeux de Nino et Lili, qui les reçoivent aussitôt comme cadeaux d’anniversaire.
La bière achetée à la boutique du camping est bien fraîche, les arbres nous abritent sous leur feuillage. Y a pas de bruit de radio ni de télé. J’ai pas checké les nouvelles du monde depuis 6 jours. Je renonce même à me rendre à l'espace internet pour consulter mes mails.

Allongée dans l’herbe, je me dis qu'il suffit de pas grand chose pour que la vie soit simple et douce.

Jean Sébastien et Agnès terminent leur séjour. Ils se font une dernière roulade jusqu'au gîte qu'ils ont réservé pour une nuit de repos dans un vrai lit, puis ils reviendront dimanche prendre le train à carcassonne. 
Nous leur disons au revoir au matin, et nous nous promettons tous de nous retrouver très bientôt à Marseille, où ils vivent. C'est tout près de chez nous, et nous sommes tous heureux de nous être trouvés ici. 
N'ayant plus nos compagnons de route, nous avons décidé de rester une journée de plus, et nous partons à pied vers la Cité médiévale de Carcassonne. 
Escalader les remparts ....
... ça change du pédalage !
Ben, la cité médiévale de Carcassone en août, c'est.... bourré de touristes, de boutiques à touristes, de restaus à touristes... Ca me rappelle le Mont-Saint-Michel...

Canal du Midi, le journal # 4

Le matin du 5 août, Lili se réveille un peu endolorie par sa chute de la veille. Elle commence à pédaler bravement mais son visage crispé nous informe rapidement de l’état de sa hanche. Son vélo chargé est trop lourd. Malgré nos propositions de porter ses sacoches, elle s’entête et décide de continuer. Elle pleure dès qu’on essaie de la convaincre d’abandonner sa charge pour pédaler plus léger. 
Lili sourit malgré la douleur

Cette ballade du 5 août sera sans aucun doute celle des pauses les plus nombreuses, arrêts pipi, arrêts Nutella. Le parcours est jalonné d’écluses très proches les unes des autres, ce qui nous permet de flâner aussi souvent que nécessaire pour que Lili récupère. Nous observons les manœuvres, nous nous marrons lorsque les occupants de trois bateaux d’italiens s’engueulent à la descente de niveau, ayant bien du mal à maîtriser les mouvements de leurs péniches qui s’entrechoquent. Ce sera la journée de la découverte du métier d’éclusier. Tony fantasme sur ces petites maisons au bord de l’eau qui, mises à disposition des éclusiers toute l’année, leur offrent un havre de calme lorsque le canal est fermé. Sans les péniches, ça doit être effectivement très sympa pour eux, le canal l’hiver ! Parce que, faut bien le dire, des péniches, il y en a quand même beaucoup, de plus en plus une fois qu’on dépasse Castelnaudary. C’est la pleine saison, les boutiques de location font leur beurre. 1200 euros la semaine pour une péniche de 4 personnes, le bizness est florissant ! Florissant aussi pour ce camping où nous arrivons en fin de journée. Alzonne, au point kilométrique 85 sur le Canal, nous quittons la piste. Il y a presque 3km à faire dans la jungle routière. Aujourd’hui, on aura fait un peu plus de 25 kilomètres. J’ai enfilé mon gilet jaune et nous traversons le village pour prendre une route de campagne qui monte, monte, monte. Et là, mauvaise pioche, l’alléchante proposition de camping à la ferme nous a conduits tout droit dans un de ces pièges à touristes en mal de ruralité que nous évitons en général. C’est pas une ferme, c’est un domaine viticole, perché sur les collines. Pas un arbre, juste des emplacements caillouteux en plein vent ! Vue imprenable au loin sur les collines.
Notre campement au matin. Ya plus de vent !

Des baraques Algeco font office de sanitaires et une grande tente barnum blanche abrite le bar-boutique-table d’hôte. 23 euros par tête pour dîner de crudités, d’un plat de viande à la plancha et de fruits locaux ! Je prends la décision de faire le dîner sur le camping gaz, parce que là, y a pas écrit pigeon sur mon front ! Le vent souffle à fond, les arceaux de la tente des enfants plient et menacent de se rompre sous la poussée des rafales. On finit par l’orienter pour qu'il s’engouffre dedans et gonfle la toile. La vieille tente Marechal de Tony se monte toute seule, comme d’hab. Depuis 20 ans, elle tient la route par tous les temps. Jean-Sé et Agnès n’arrivent pas, et nous commençons à nous dire que nous allons passer la soirée seuls ici, dans cet endroit inhospitalier au possible, lorsque nous les voyons grimper péniblement la côte au loin. Hurlements de joie des enfants qui sautent de bonheur de voir arriver leurs copains, eux qui se voyaient déjà coincés dans leur tente toute la soirée. Pour nous ici, rien à faire d’autre qu’aller boire des bières à 3 euros au bar ou bouquiner sous la tente !On choisit l’option bières au bar avec nos potes. Cette étape me laisse un souvenir mémorable de tentative de cuisiner dans le vent glacé. J’en rate mon omelette et nous nous replions rapidement sous la tente, congelés, après avoir avalé vite fait notre dîner. Jean Sé et Agnès - épuisés par le montage de leur grande tente familiale qu’on a réussi péniblement à mener à bien à 4 - n’ont pas eu le courage de cuisiner ce soir là et ont opté pour la cantine du lieu, qui les décevra bien entendu. Seul point positif, les vêtements lavés sèchent à toute vitesse, et pour cause ! Si vous passez dans le coin, évitez cette adresse : la Pujade, Camping à la ferme, à Alzonne. Au matin, le vent s’est calmé. Petit déjeuner à la cantoche pour les enfants, ils ont 11 ans aujourd’hui. Allons y pour le chocolat chaud, les croissants (y en a plus) le pain beurre, et un jus d’orange acide qu’ils ne boiront pas, « trop pas bon Maman, j’te jure ! »Non vraiment, ce camping, ça le fait pas ! Allez hop, on se laisse glisser et on retrouve un passage rapide vers le canal, ses canards, ses péniches, au rythme des trottinements de Daisy. On roule vers Carcassonne. 

19 août 2010

Canal du Midi, le journal # 3

Troisième jour de virée. Lili ayant manifesté quelques signes de fatigue la veille pour finir les derniers kilomètres, nous convenons d’une étape tous les 25 kilomètres environ, moins quand nous nous sentirons fatigués. Aujourd’hui, une petite virée tranquille est donc programmée. On s’arrêtera  comme prévu à Castelnaudary. Tony se met à la recherche d’un camping pas trop éloigné du chemin de halage. 
Nous évitons de faire trop de kilomètres hors canal car nous n’apprécions ni les uns ni les autres de nous retrouver au milieu des voitures qui nous frôlent. C’est un réel moment d’angoisse de devoir pédaler au milieu des conducteurs impatients qui ne ralentissent pas et ne se rendent absolument pas compte qu’un vélo, surtout chargé, a besoin d’un minimum de place sur la chaussée. Même les gendarmes nous ont invités à rouler sur des bas côtés non aménagés pour laisser le champ libre aux véhicules motorisés sans imaginer un seul instant le risque certain de dérapage entre le talus et la route avec une chute probable à la clé. Bref, aucun plaisir sur la route, nous continuerons de nous arrêter dans les petites épiceries au lieu d’aller chercher les grands magasins moins chers mais plus éloignés de notre chemin. Pour le choix des campings, nous éviterons ceux situés à plus de 3 kilomètres de nos parcours cyclables. Les enfants ont un peu peur encore du camping sauvage. Ils rechignent lorsque nous proposons cette solution et l’argument imparable est leur besoin de se décrasser sous une bonne douche pendant que nous montons les tentes !
Chaque matin, dès le départ du campement, nous partons à la recherche d’une épicerie et d’une boulangerie pour le ravitaillement du jour. Il nous est impossible de transporter du lait qui tourne et du beurre qui fond. Au menu du matin, café, thé, pain, confitures. Les enfants ont découvert le lait concentré sucré et abusent avec délectation du pot de Nutella.
Une fois notre ravitaillement terminé, nous mangeons des fruits frais avant de repartir, et les pique nique se composent de sandwiches que nous essayons de faire varier chaque jour. Fromages, saucissons, jambon de pays, fruits et yaourts à boire composent nos repas du midi et goûters. C’est un peu plus light pour Tony qui est végétarien mais il compense en engloutissant chaque soir de grandes assiettes de légumes et de pâtes ! 
A Castelnaudary, après seulement 15 kilomètres de ballade entre de très jolies écluses et des papotages avec les éclusiers très cool, nous retrouvons nos amis Jean-Sébastien et Agnès et leurs deux garçons.
Pendant que j’installe notre campement, Tony pédale jusqu’à la boutique du  meilleur traiteur de la ville et commande un cassoulet qu’il ira chercher au moment du dîner et rapportera chaud et gratiné, accompagné d’une bouteille du rouge corsé du coin. Deux allers et retours pour nous fournir un plat tout cochon et canard pour qui ne consomme plus un gramme de viande depuis 20 ans, quelle délicate attention !
Les enfants ont enlevé leurs bagages de leurs vélos et sont partis s’amuser sur le terrain de cross d’à côté.
Je vois arriver Lili en pleurs, elle s’est prix un gadin de première et est passée par-dessus son vélo. Par bonheur, elle avait son casque. Elle a une belle éraflure, mais surtout un gros hématome au niveau de la hanche droite qui m’inquiète un peu. Rien de grave, la trousse de secours contient de quoi soigner la petite, mais je crains que l’hématome mette quelques jours à se résorber et la fasse souffrir lorsqu’elle devra se remettre à pédaler… On verra demain.
Douce soirée avec nos amis, le cassoulet est excellent et le vin nous monte à la tête lorsque nous nous endormons, repus, après avoir refait le monde.

18 août 2010

Canal du Midi, le journal # 2

Le soleil semble être au rendez-vous pour ce deuxième jour de notre petite roulade. Je réveille les enfants après avoir bu mon café préféré. Celui que je fais au saut du duvet dans la vieille cafetière italienne. Corsé et odorant, il donne des ailes… Les bagages bien ficelés dans d’épais sacs poubelle gentiment offerts par la propriétaire du camping, nous reprenons la route. Le ciel est bleu, il fait un peu frais lorsque nous donnons les premiers coups de pédale. Les enfants commencent à compter les canards, tout va bien. Ecluse après écluse, nous découvrons l’ambiance du canal en été. Les équipages des pénichettes nous saluent et les cyclistes croisés sur le chemin s’amusent de voir Daisy courir en laisse en tête de convoi.
Durant tout notre voyage, elle ne supportera pas d’être en deuxième position. Même lorsqu’elle s’arrête de courir et réclame qu’on la pose dans le panier où elle a finalement accepté de s’asseoir, elle couine dès que l’un d’entre nous tente de passer devant le vélo qui la transporte. Après quelques essais très casse-gueule, j’ai abandonné l’idée de garder son panier à l’avant de Mercedes et c’est désormais Tony qui contrôle ses écarts ou gesticulations quand nous croisons d’autres chiens. Elle comprend vite le système et sera de plus en plus souvent perchée, se laissant porter truffe au vent. Les écluses se suivent, les enfants adorent s’arrêter regarder les manœuvres des plaisanciers et Nino surtout semble fasciné par la machinerie des écluses à deux sas. Nos montures tiennent le rythme, nous nous habituons peu à peu au poids tout en nous félicitant d’avoir choisi un parcours bien plat pour notre première échappée cycliste. Je pédale la tête vidée des soucis des derniers mois, me laissant porter par les creux et les bosses du chemin qui nous chahutent un peu. Tony apprend à Daisy à trotter en tenant bien sa droite. Elle court déjà moins vite et nous pédalons à son rythme. Le compteur un peu cheap acheté chez Décathlon déconne, et nous ne parviendrons jamais à savoir combien de kilomètres nous faisons à l’heure. C’est sans importance. Nous ne sommes pas pressés. La déconnexion avec le monde est totale. Seuls comptent le glissement des bateaux sur le canal, la douce sensation de liberté qui nous envahit peu à peu, le plaisir de boire de l'eau fraîche aux points d'eau des haltes, les familles de canards et le paysage… 30 kilomètres plus tard, nous installons notre campement. Nous retrouvons Jean-Sébastien et Agnès, qui ont choisi ce soir là le même camping que nous. Le courant passe immédiatement lorsque nous engageons une conversation qui se terminera à la lueur des étoiles. Les enfants ont passé la soirée en compagnie du propriétaire des lieux, qu’ils ont baptisé « Papy Sciences ».
Notre dessert sera composé de fraises et de framboises à la menthe que Lili dresse sur une assiette avec le raffinement d’un grand Chef de Cuisine. Les enfants ont beaucoup aimé la leçon de choses donnée par ce monsieur très sympathique dont les cadeaux chargeront nos sacoches au matin. Impossible de pas accepter des légumes bio qui constitueront nos repas du soir les jours suivants. Daisy apprécie visiblement de dormir sous la tente. Elle se glisse délicatement dans mon duvet et cette petite bouillotte blottie contre moi me réchauffe agréablement quand la fraîcheur de la nuit me surprend.
Nous nous réveillons au bruit du départ d'un groupe de lève-tôt. Rendez-vous pris pour le soir avec nos nouveaux amis pour un campement commun, nous repartons pour une nouvelle journée sur les chemins  ombragés, en route vers Castelnaudary, pays du Cassoulet. Je salive à l'avance !

Manifeste

On m'a dit : "Fais des chansons comme-ci" On m'a dit : "Fais des chansons comme-ça" Mais que surtout ça ne pa...