15 février 2010

Antoine

C’était il y a longtemps. Je ne pensais pas qu’un jour je pourrais l’écrire. Je ne sais pas non plus pourquoi c’est maintenant et ici. Il faut sans doute ouvrir la boîte de Pandore. Et ne plus la refermer.
C’est arrivé comme ça. Je n’ai pas entendu mon corps. Mon corps qui niait tout. Au bout de quatre mois, je crois, j’ai su. Je l’ai enfoui au plus profond de moi et n’ai rien dit, mince, rieuse, folle sans doute. Seule, longtemps. Trop longtemps. Mon ventre s’est arrondi d’un coup, comme s’il se remplissait de sept mois de silence. Tout est allé si vite.Sa naissance m’a comme ramenée à la vie. Trois mois de douceur avec cet ange, si calme, trop calme peut-être, je ne sais pas. Jusqu’au matin où je l’ai trouvé inerte. Je n’ai pas crié, je ne crois pas. Je me souviens de mes enfants, de leurs petites mains dans les miennes, suivant le corbillard dans un cimetière où je ne saurais pas retourner. Je me souviens des fleurs sur le cercueil blanc. Je me souviens des visages de mes amis ce jour-là. Après j’ai bu jusqu’à tomber, jusqu’à hurler. Plus de dates, plus de lieux, et pas d’anniversaires. Juste quelques photos, et ses chaussons à franges, qui lui faisaient des pieds d’indien.

8 commentaires:

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

aujourd'hui parce que c'est la fête de l'amour probablement ! Ton malaise de ce matin, sans savoir ce que c'était peut-être !

C'est triste à mourir ça. Même s'il n'était pas ton premier. Je me souviens ma mère a perdu (avant la naissance) ce qui aurait été son 5e enfant. Même si elle en avait déjà quatre, c'était catastrophique.
Bisous au carré, évidemment !
xx

piedssurterre a dit…

Ah! j'ai bien le nez qui coule un peu, et j'ai versé quelques larmes ce soir en écrivant. Mais ça me fait comme une légèreté là, je peux pas expliquer. "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort" Tu vois, c'est ça.

anne des ocreries a dit…

Merde. Des fois c'est con la vie. Je t'embrasse.
Laconique mais....quand on ne trouve pas de mots....

P a dit…

Le moment était venu sans doute et tu as bien fait de le déposer là ce souvenir cruel.
Toutes nos énergies vont vers toi, comme autant de mouchoirs pour sécher tes larmes.
Je t'embrasse
Pomme

piedssurterre a dit…

Bonjour Anne, c'est aussi en te lisant que j'ai trouvé le courage de lâcher ce texte. Parce que ça me triturait, pour reprendre ta juste expression, sans doute depuis trop longtemps. Bises. Bonne journée. J'aime ton blog, j'en dévore un petit morceau chaque jour.
Mes amis m'appellent Framboise. Avanie et framboise....... c'est une vieille histoire....Peut-être bien que je finirai par la raconter, celle-là aussi...

anne des ocreries a dit…

Oh ! Merci, très touchée....chuis toujours un peu con-con, devant un compliment, mais ça me fait plaisir que tu te plaises sur mon espace !

Blue a dit…

Oui, tu as bien fait de le déposer là, c'est cruel parfois la vie, et con aussi pour paraphraser anne... Ce qui ne tue pas rend plus fort mais parfois on a quand même des baisse de régime.

Framboise, comme dans la chanson de Boby, faudra que tu nous racontes.
Je t'embrasse itou.
Blue

Mek a dit…

Horrible, oui. Et pourtant, tu resplendis.

Manifeste

On m'a dit : "Fais des chansons comme-ci" On m'a dit : "Fais des chansons comme-ça" Mais que surtout ça ne pa...