16 février 2010

Zouc

«Je suis un steak haché suspendu à une corde à linge par jour de grand vent»

Hier, beau festival de fameux commentaires générés par le drôlissime billet d’É.
Quel humour ravageur !
Ce matin, je pensais à ceux qui m'ont fait rire, et à ceux qui, plus rares, m'ont secouée, dérangée, perturbée parfois.
Zouc est de ceux-là.
Sa présence, son regard allumé, ses non-sketches - ovnis diffusés à une époque où la télé nous abreuvait surtout des Bedos et consorts - m’ont amenée à réfléchir à ma perception de l’humour. Zouc était un clown à texte au destin tragique.
Aujourd'hui, elle survit, branchée à jamais à un respirateur, victime d'une infection nosocomiale chopée il y a quinze ans dans un "établissement de santé". Elle qui disait avoir été guérie par les malades de l'hôpital psychiatrique où on l'avait internée...

Voilà, c’est dit.

17 commentaires:

anne des ocreries a dit…

j'étais petite quand elle a eu son heure de gloire ; et moi, elle me flanquait vraiment la trouille. Je désertais la pièce quand elle passait, pour fuir aussi l'angoisse qui me prenait. Jamais su pourquoi....à cause de tout ce que pressentais de pathétique, chez elle ? Quelque chose me faisait décamper à toutes jambes, c'est tout ce que je sais.
Même encore, je ne peux pas.

piedssurterre a dit…

J'ai cherché à comprendre pourquoi elle me dérangeait tant, et en même temps, pourquoi faisait-elle tant rire ? Elle fait partie de ces gens qui naissent de travers et qui s'en font un métier, ai je lui quelque part. C'est ce que je ressentais, sans savoir le formuler.Et ça m'a tellement bouleversée, quelqu'un qui ne triche pas. Qui construit et avance avec sa seule souffrance.Sa dimension tragique était tellement énorme. J'y repense aujourd'hui, alors que les gens rient à des sketches si vides, si consensuels. T'en penses quoi de ça ? Ca m'intéresse bien de le savoir.

anne des ocreries a dit…

Oui, c'est ça. T'as bien cerné ça. Cette souffrance qu'elle suintait par tous les pores de sa peau m'était intolérable, de même que le fait de ressentir en face une impuissance absolue, une injustice sans bourreau autre que la vie - quoi faire, pour des êtres comme ça ? elle montrait une sorte de gens prisonniers de leur propre existence encore plus que je ne pouvais l'être de la mienne, et les rires qu'elles déclenchait me paraissaient cruels - et en même temps, je crois que je lui en voulais - de ne pas se battre, de ne "rien faire pour s'arranger", d'être ce tas informe et noiraud au visage lunaire et au regard exorbité qui me foutait la trouille du siècle. Sa détresse me parvenait, mais c'était une détresse qui me donnait envie de....la battre, pas de la soulager. Pourquoi se montrait-elle ainsi ? Pourquoi cherchait-elle à ce qu'on rie d'elle ?
J'ai toujours trouvé malsains les rires qu'elle déclenchait, ils avaient quelque chose de pervers. Ce soulagement, aussi, qui s'exprimait "eh bin, hencore heureux que je suis pas comme ça !", dans les paroles des adultes (femmes) autour de moi.
Ce qui me gênait, je crois, c'est que cette souffrance, elle l'habitait, elle nous la lançait à la face, mais n'essayait même pas de la fuir.
Indéniablement, elle était moche, et le savait ; et j'avais peur qu'on m'appelle "Zouc" aussi dans la cour de récré,comme d'autres filles,parce que moi non plus, je ne suis pas jolie. Alors, j'avais peur de voir mon futur de grande personne en la regardant.
Je crois.
Et quand tu parles de dimension tragique, tu es en plein dedans ; cette femme n'avait qu'un destin, pas un avenir. Comme des tas d'autres. Un avenir, c'est l'envol. Un destin, c'est le piège. Tu n'en sors jamais.

piedssurterre a dit…

Anne, j'aime bien que ça me triture et que tu en causes. Merci ma Belle. Plein de choses à dire et à écrire, encore, sur le paraître, je crois.
Bises xxxxxxxx

piedssurterre a dit…

Je sais pas pourquoi, mais revoir Zouc, ça m'a rappelé ça

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à coté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poête est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire

anne des ocreries a dit…

bien vu !!!

Mek a dit…

Je me suis juste marré, moi, même en voyant venir.
:0)

Anonyme a dit…

anne des ocreries, je t'aime.
elle me faisait pas marrer, moi, mais elle me fascinait. c'était plus un mime triste, une chose renfermée étrange et absurde comme un cri muet qu'un clown ou un comique. un sorcière, ou une folle... un truc comme ça.
le rire faisait mal, ouais. trop nul.

piedssurterre a dit…

Bonjour JP,
Fascinante, oui, ça c'est sûr.
Elle donnait à voir à priori un travail de caricature de ses contemporains. Ne faisait-elle rire que ceux qui allaient bien par son talent de comédienne, énorme, grossissant le trait.
Ou bien est-ce sa propre souffrance qui transpirait, dans ses gestes, dans son regard. Je ne sais pas. Je pense tout simplement qu'on l' a rangée un peu vite dans la catégorie des humoristes, terme bien trop léger pour définir la réalité de son art. Elle était bien plus que ça. Une hystérique émotionnelle, comme dirait Gomeux ?

Anonyme a dit…

"J'ai toujours trouvé malsains les rires qu'elle déclenchait, ils avaient quelque chose de pervers."

bien d'ac.

tsé what anne ? je crois qu'elle se moquait d'eux à sa manière. ceux qui riaient.
elle nourrissait sa souffrance vec leur rires pervers. donnait plus de force à son cri.
tout intérieur.

bise

Anonyme a dit…

vidament, c'était pas une chanson d'amour

Anonyme a dit…

et piedsur, le rapport à l'albatross, exact

cruauté, je confirme anne :
"bien vu"

une bise pour toi

Anonyme a dit…

http://www.youtube.com/watch?v=GA1bMNGDt_U

Anonyme a dit…

avec un brûle-gueule :

http://www.youtube.com/watch?v=6aumejrcEHs

décidément les themes...
t'auras qu'à m'annalyser...

bonne soirée à corchica

piedssurterre a dit…

JP pas compris ct histoire de theme, mais je m'en vais regarder tes liens bises tsé quoi, j'arrive pas toujours à m'analyser moi meme alors les autres, non pas trop mon truc ça. re bises

piedssurterre a dit…

PS : ti- JP c'est la première fois que tu me fais la bise, et ça me fait bien plaisir, moi aussi, je t'embrasse, deux fois, et au carré.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

Salut toi,
La semaine je ne blogue pas trop mais voilà, ma semaine se termine le jeudi midi depuis 3 ans ! Quel bonheur
Je ne connaissais pas Zouc, c'est vrai qu'elle fait rire et peur un peu, en même temps !

Vivre branchée depuis 15 ans, quel drame ! C'est un modit microbe ça, le "C" !!!!

J'ai écouté d'autres clips d'elle, avec son accent suisse, j'aime bien ! Juste ça c'est drôle !

Manifeste

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