20 décembre 2012

Brève de fin du Monde

 

 

- Quelle heure il est ? C'est quoi l'heure ?

 

- On a basculé ou on a pas encore basculé ?

- Il est déjà basculé lui.

- Chut !

- Chut !

17 décembre 2012

Juste pour aujourd'hui...

"... Nos pensées montent au ciel comme des fumées. Elles l'obscurcissent. Je n'ai rien fait aujourd'hui et je n'ai rien pensé. Le ciel est venu manger dans ma main. Maintenant c'est je soir mais je ne veux pas laisser filer ce jour sans vous en donner le plus beau.Vous voyez le monde. Vous le voyez comme moi. Ce n'est qu'un champ de bataille. Des cavaliers noirs partout. Un bruit d'épées au fond des âmes. Eh bien, ça n'a aucune importance. Je suis passé devant un étang. Il était couvert de lentilles d'eau - ça oui, c'était important. Nous massacrons toute la douceur de la vie et elle revient encore plus abondante. La guerre n'a rien d'énigmatique - mais l'oiseau qui j'ai vu s'enfuir dans les sous-bois, volant entre les troncs serrés, m'a ébloui. J'essaie de vous dire une chose si petite que je crains de la blesser en la disant. Il y a des papillons dont on ne peut effleurer les ailes sans qu'elles cassent comme du verre. L'oiseau allait entre les arbres comme un serviteur glissant entre les colonnes d'un palais. Il ne faisait aucun bruit. Il était aussi simplement vêtu d'or qu'un poème. Voici, je me rapproche de ce que je voulais vous dire, de ce presque rien que j'ai vu aujourd'hui, et qui a ouvert toutes les portes de la mort : il y a une vie qui ne s'arrête jamais. Elle est impossible à saisir. Elle fuit devant nous comme l'oiseau entre les piliers qui sont dans notre coeur. Nous ne sommes que rarement à la hauteur de cette vie. Elle ne s'en soucie pas. Elle ne cesse pas une seconde de combler de ses bienfaits les assassins que nous sommes"...

Christian Bobin 
l'Homme-joie, 2012


10 décembre 2012

Pépite



Il m'aura fallu faucher les blés
Apprendre à manier la fourche
Pour retrouver le vrai
Faire table rase du passé
La discorde qu'on a semé
A la surface des regrets
N'a pas pris

Le souffle coupé
La gorge irritée
Je m'époumonais
Sans broncher

Angora
Montre-moi d'où vient la vie
Où vont les vaisseaux maudits
Angora
Sois la soie, sois encore à moi...

Les pluies acides décharnent les sapins
J'y peux rien, j'y peux rien
Coule la résine
S'agglutine le venin
J'crains plus la mandragore
J'crains plus mon destin
J'crains plus rien

Le souffle coupé
La gorge irritée
Je m'époumonais
Sans broncher

Angora
Montre-moi d'où vient la vie
Où vont les vaisseaux maudits
Angora
Sois la soie, sois encore à moi...

05 décembre 2012

Partage...

".... J’ai essayé de me rendormir. Vers cinq heures du matin, j’ai renoncé, je me suis rhabillé et j’ai laissé un mot à Agnes disant que je partais. J’ai glissé le bout de papier sous la porte de son bureau. La porte était fermée à clé.
La maison dormait quand je suis parti.
La voiture dégageait une odeur de brûlé. En m’arrêtant pour prendre de l’essence à une station-service ouverte toute la nuit, j’ai aussi rajouté de l’huile. Je suis arrivé sur le port peu avant l’aube.
Je suis sorti sur la jetée. Le vent était frais. J’ai perçu l’odeur salée de la mer malgré la glace épaisse. Des lampes disséminées éclairaient le port, où quelques bateaux de pêche solitaires flottaient contre les pneus de protection.
J’attendais la lumière du jour pour entreprendre la traversée. Comment j’allais me débrouiller avec ma vie, après tout ce qui s’était passé, je n’en avais aucune idée.
Là, tout à coup, sur la jetée, j’ai fondu en larmes. Chacune de mes portes intérieures battait au vent, et ce vent, me semblait-il, ne cessait de gagner en puissance. ..."

Henning Mankell Les chaussures italiennes

02 décembre 2012

Brève alcoolisée

"C'est pas possible d'avoir deux grammes dans le sang tout seul, deux grammes dans le sang, ça représente au moins deux copains qui boivent avec toi."

Manifeste

On m'a dit : "Fais des chansons comme-ci" On m'a dit : "Fais des chansons comme-ça" Mais que surtout ça ne pa...