05 décembre 2012

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".... J’ai essayé de me rendormir. Vers cinq heures du matin, j’ai renoncé, je me suis rhabillé et j’ai laissé un mot à Agnes disant que je partais. J’ai glissé le bout de papier sous la porte de son bureau. La porte était fermée à clé.
La maison dormait quand je suis parti.
La voiture dégageait une odeur de brûlé. En m’arrêtant pour prendre de l’essence à une station-service ouverte toute la nuit, j’ai aussi rajouté de l’huile. Je suis arrivé sur le port peu avant l’aube.
Je suis sorti sur la jetée. Le vent était frais. J’ai perçu l’odeur salée de la mer malgré la glace épaisse. Des lampes disséminées éclairaient le port, où quelques bateaux de pêche solitaires flottaient contre les pneus de protection.
J’attendais la lumière du jour pour entreprendre la traversée. Comment j’allais me débrouiller avec ma vie, après tout ce qui s’était passé, je n’en avais aucune idée.
Là, tout à coup, sur la jetée, j’ai fondu en larmes. Chacune de mes portes intérieures battait au vent, et ce vent, me semblait-il, ne cessait de gagner en puissance. ..."

Henning Mankell Les chaussures italiennes

6 commentaires:

P a dit…

Echantillon tentant!

anne des ocreries a dit…

Je l'ai lu ; c'est un EXCELLENT bouquin. Je le recommande chaudement !

LP a dit…

J'ai repéré "de loin" la couverture en venant du défifoto, c'est dire. Moi aussi je le recommande "chaudement" même si cela se passe au pays des glaces.

Mek a dit…

Magnifique image que celle de ces portes intérieures qui battent au vent.

francoise champagne a dit…

Ce bouquin est vraiment très "prenant". Le narrateur est un anti-héros comme je les aime, et son tumulte intérieur est si perceptible qu'il résonne comme un écho, sans doute, à celui que nous pouvons ressentir parfois, quand nos vies nous échappent. J'adore ce livre...

'Tsuki a dit…

Ca a l'air agréable à lire en effet. Je vais m'y aventurer, à l'occasion.

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