Ce matin de juin, j’écris dans un transat au fond du jardin
anglais que le soleil levant caresse voluptueusement pour en essuyer la
rosée. À portée de main, sur un guéridon de paille tressée, le thé aux
herbes tiédit à la brise. Le bouvreuil effronté, qui m’espionnait hier
déjà, sautille et pirouette à trois pas en stridulant des joliesses
absconses dont j’appréhende cependant qu’elles veuillent dire :
" Tire-toi de là bonhomme, que je finisse les miettes de ton croissant qui sont tombées dans l’herbe."
Eh bon, comme l’oiseau, j’ai la plume frivole et baladeuse et tendance à papillonner autour du sujet sans m’y soumettre, voire même à m’en écarter carrément. Ce qui est pénible, avec les livres, je veux dire quand on les écrit, c’est qu’on est plus ou moins poussé à s’en tenir au sujet qu’on prétend traiter. Il faut savoir que cette contrainte est parfois très pénible quand elle s’abat sur un auteur velléitaire par nature, incohérent par goût, et facilement déconnectable par l’imprévu, en l’occurrence ce petit pédé de bouvreuil qui fait rien que frétiller de la queue pour m’empêcher d’aller plus loin.
Dieu merci, quand on se contente de penser au lieu d’écrire, on a parfaitement le droit de sauter du coq à l’âne, sans s’attirer des remarques désobligeantes.
J’aurais dû être dérouleur de pensées plutôt qu’écriveur de bouquins.
" Tire-toi de là bonhomme, que je finisse les miettes de ton croissant qui sont tombées dans l’herbe."
Eh bon, comme l’oiseau, j’ai la plume frivole et baladeuse et tendance à papillonner autour du sujet sans m’y soumettre, voire même à m’en écarter carrément. Ce qui est pénible, avec les livres, je veux dire quand on les écrit, c’est qu’on est plus ou moins poussé à s’en tenir au sujet qu’on prétend traiter. Il faut savoir que cette contrainte est parfois très pénible quand elle s’abat sur un auteur velléitaire par nature, incohérent par goût, et facilement déconnectable par l’imprévu, en l’occurrence ce petit pédé de bouvreuil qui fait rien que frétiller de la queue pour m’empêcher d’aller plus loin.
Dieu merci, quand on se contente de penser au lieu d’écrire, on a parfaitement le droit de sauter du coq à l’âne, sans s’attirer des remarques désobligeantes.
J’aurais dû être dérouleur de pensées plutôt qu’écriveur de bouquins.
Pierre DESPROGES - Fonds de tiroir / Éditions du Seuil
5 commentaires:
il comprenait le parlé du zoziau...
...et jouisseur d'images...
Joli. Je trouve le sort du dérouleur de pensées très enviable. Ca s'appelle aussi rêvasser, non ?
C'est aussi beaucoup plus poetique en fait...Une jolie expression,legere comme une plume !
Ah, vivement le printemps, tiens.... :D
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