17 mars 2010

Inspiré inspirant

C'est une histoire de déclic de flottement.

Un savoir comme enfoui qui surgit du fond de moi je ne sais pas.

quelques mots entendus deviennent des repères dans la nuit.

Jetée là dans le brouillard épais j'avance hésitante.

je sais.

Non je ne sais plus.

Quelques clefs. Une parole dans le flot qui m'envahit.



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Je suis rouge du sang de ma vie

Comme le pied dans une bouche

Enseveli sous le poids des mots

Non prononcés


Ceux qui nous ont fait prendre

Les chemins de la reddition

Éternellement déconstruits

Jusqu’à l’exclusion de nous-mêmes

De notre propre imaginaire


Ces mots perdus dans les lointains craquements

De la poésie de Miron et des alliances rêvées de Neruda

Chemins de traverses âpres et vertigineux que nous n’avons pas su franchir


Je suis rouge du sang de ma furie que j’ai porté sur mes frères indiens

Et de l’amnésie que je m’inflige en jouant au casino de la dernière chance


Je suis rouge du sang de la couronne britannique que j’ai porté sur mes épaules

Et de l’amère victoire des ghettos indéfectibles à promouvoir la méfiance

Des petites et grandes boucheries qui font sonner les cors de chasse

À engraisser le vieil empire protéiforme

Je suis rouge du sang de ce drapeau, cette face de clown qui a volé son nom de Canada

De ces magouillettes de p’tits rois nègres blancs sans importance

Qui s’agitent sur les écrans de l’irréel et qui surfent sur commandite

Tandis que l’aigle plante ses griffes dans la chair de ma vie : mon ADN et mon cerveau


Je suis rouge du sang de ce rapace qui me nourrit de ses miettes d'espoir

En échange de monts et merveilles, de lacs et de rivières, d’enfants et de vieillards.

Promesses mille fois répétées du catéchisme de Rockefeller et de la sainte trinité de l’huile, du canon et de la pharmacopée

Des Hummers à revendre pour se chauffer vingt minute avant d’partir l’hiver

Des canons qui crachent l’uranium de la terreur

Et de l’opium en quantité pour les trottoirs des bidonvilles et les caisses noires de la CIA


Approchez approchez ! Ici forêts fantômes à visiter ! Ex héros du hockey recyclé en vendeur de char !
Main d’oeuvres soumise à bon marché, prête pour l’abattoir! Une peur bleue de la vérité ! Futur port méthanier !
Général servile à la retraite !
Secteur forestier et manufacturier en déroute ! Candidat Idéal pour le FMI !! Qui dit mieux !


Je suis rouge de la honte des porte-queue entre les jambes, les scribouilleurs de bas étages à la solde des marchands du temple. À pleine page sur leurs torchons, ils récitent la litanie des schizophrènes anorexiques de la réalité.
Les balles disparaissent dans les airs, Les avions s’autodétruisent en plein vol. Les tours se désintègrent symétriquement sur elles-mêmes. Les crashs boursiers sont des accidents de parcours. Les tapis de bombes font des dommages collatéraux.
Che Guevara est une marque de tee-Shirt. Ali se nomme lui-même le chimique et n’a jamais reçu d’ordres de Washington.


Je suis rouge de ce nous qui n’est plus qu’une somme de "moi" retranchés dans des banlieues climatisées.
Cette somme de "moi" que l’on dirige entre deux autoroutes à péages en PPP avec les armées de va-nu-pieds dans les désert-parking du déshonneur tandis que les rescapés du mensonge filent tout droit vers les soins palliatifs au sommet du Yucatan ou dans les bunkers de l’histoire.


Oh ! Que de mots pris dans la gorge ! qu’on croyait libérés de l’homme rapaillé !


Faudra que Les Loquaces repartent à Zéro pour le nouvel homme dépareillé !


Je suis rouge du sang de ma vie

Comme le pied dans une bouche

Ensevelie sous le poids des mots

Non prononcés


Je suis rouge



Publié par et chez Mendelien. Merci à lui pour ce texte

3 commentaires:

anne des ocreries a dit…

La vache ! C'est du costaud dis donc ! ça me plaît bien....

piedssurterre a dit…

Je me suis pendant plusieurs semaines noyée dans l'océan de pages trouvées sur le net et me suis ancrée dans celles du Crachoir. Il y a encore quelques mois, j'ignorais presque tout de ce que je sais aujourd'hui. C'est chez Eric que j'ai capté le blog de Mendelien. Je découvre ses billets et j'y trouve un écho à ce que je ne parviens pas à formuler. Son analyse m'intéresse. Et ce texte m'a vraiment secouée fort.

Mek a dit…

:0)

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